Voici un projet que j'ai commencé en décembre 2008 et qui entre maintenant dans sa phase de réactivation après une mise en sommeil de presque 15 ans.
Ce diorama (40 % résine et 60 % scratch) représente le croiseur lourd américain Minneapolis (CA 36, classe New Orleans) au lendemain de la bataille de Tassafaronga, le 30 novembre 1942.
J'ai utilisé le kit en résine Combrig de son sistership, l'USS Astoria et le kit Corsair Armada du remorqueur USS Vireo, modifié pour représenter le Submarine Rescue Ship US Ortolan(ASR-5).
Petite introduction historique
(pour les non connaisseurs de la marine américaine, oui il y en a) :
(Sources : S.E.M. Morison, Wikipedia et WWW)
Le 8 août 1942, les forces expéditionnaires américaines débarquèrent à Guadalcanal et à Tulagi dans les îles Salomon (Pacifique Sud). C'était le début d'une longue campagne de conquête, île après île, de cet archipel, le début d'une reconquête du Pacifique.
Cette longue campagne devait être parsemée d'actions navales nocturnes, courtes mais très violentes, à l'intérieur de ce long détroit qui sépare les deux parties de l'archipel : The Slot
Les Japonais tentaient de ravitailler leurs troupes la nuit à terre et les Américains tentaient d'arrêter "l'Express de Tokyo" presque chaque nuit.
Ces batailles impliquaient principalement des croiseurs et des destroyers (à l'exception de quelques actions de cuirassés). Canons contre torpilles, avec de nombreuses pertes de part et d'autre.
Le détroit fut rapidement surnommé "Ironbottom Sound", le "Détroit au fond de fer" en raison du grand nombre d'épaves. Cette campagne longue et douloureuse a forgé de nombreuses tactiques américaines qui ont profondément transformé l'efficacité de l'US Navy.
L'essentiel des efforts et des pertes a été supporté du côté américain par ces croiseurs d'avant-guerre de construction légère et au blindage mince.
Le 29 novembre 1942, la Task Force 67 reprit la mer pour intercepter le Tokyo Express qui tentait de ravitailler Guadalcanal. La bataille de Tassafaronga, ou "4ème bataille de Savo" (pour les Japonais) ou "bataille de Lunga Point" (dans certains rapports d'époque américains) allait commencer.
Du côté japonais, une force de 8 destroyers (Naganami -navire amiral, amiral Raizo Tanaka-Takanami, Kuroshio, Oyashio, Kagero, Suzukaze, Kawakazeet Makinami) dont six avec une lourde cargaison de ravitaillement (des barils à moitié remplis) destinée à être larguée dans la mer près du rivage. Pour gagner du poids, ces navires n'avaient pas de recharges de torpilles. Pas de radar, mais un excellent entraînement au combat de nuit.
Du côté américain, une force de 5 croiseurs (Minneapolis, New Orleans, Pensacola, Northamptonet Honolulu) et 4 destroyers (Fletcher, Drayton, Mauryet Perkins) sous le commandement du contre-amiral Wright (Minneapolis) qui venait de remplacer l'amiral Kinkaid la veille. Prévenue par les services de renseignement, la Task Force 67 avait quitté Espiritu Santo, à 900 km au sud, le 29 novembre à minuit et filait à 27 nœuds vers le Slot.
Sur le papier, les Américains avaient le radar, l'avantage du nombre et de la puissance. Mais les Japonais avaientt développé de meilleures tactiques de combat nocturne et, surtout, ils disposaient de la torpille "Longue Lance", bien supérieure à celle de leur adversaire.
Cette nuit-là, sans lune, la mer était très calme. Un endroit idéal pour un véritable "combat de chiens dans un tunnel".
Les deux forces entrèrent en contact vers 23 heures, le 30 novembre. Les destroyers japonais détectèrent la colonne américaine à 23h16 et Tanaka suspendit immédiatement l'opération de ravitaillement.
Les Américains n'avaient que le Takanami sur l'écran radar, l'île de Savo masquant le reste de la force, mais l'amiral Wright reteint le feu des croiseurs, pensant ne pas être à la distance optimale. En conséquence, les destroyers américains en tête de colonne dépassèrent la force ennemie et sortirent du meilleur relèvement pour l'attaque à la torpille.
La flotte américaine ouvrit le feu à 23h21, se concentrant sur le destroyer de tête, le Takanami, qui fut rapidement transformé en une épave en flammes par les obus du Minneapolis. Le reste de l'escadre japonaise n'était toujours pas détecté : les destroyers japonais en profitèrent pour prendre de la vitesse et lancer une seule salve de 44 torpilles en direction des éclairs de l'artillerie américaine.
A 23h37, le massacre commença : Le Minneapolis reçut deux torpilles. La première frappa à bâbord juste devant la tourelle A. L'étrave entière, qui ne tienait plus que par la plage avant, s'inclina vers le bas de 70°, provoquant un freinage brutal du croiseur qui était à pleine vitesse et créant la panique derrière, la colonne avançant à 27 nœuds dans l'obscurité sans lune. La seconde torpille toucha à bâbord, à la hauteur de la chaufferie n°2, pulvérisant 3 chaudières du croiseur.
Le New Orleans arrivait ensuite 900m derrière. Une torpille frappa entre les tourelles A et B. La proue fut arrachée sur tribord avec la tourelle A et coula rapidement dans l'obscurité.
Le Pensacola suivait et évita de justesse les deux navires de tête par bâbord, c'est-à-dire en plein dans la trajectoire des torpilles. Il fut touché à bâbord sous le mât arrière, déclenchant un gigantesque feu de mazout, le mât faisant office de torche. Sa coque embarqua environ 3 000 tonnes d'eau (sur un déplacement de 11 000 tonnes).
Juste derrière, le Honolulu eut la chance d'éviter des croiseurs qui passaient par le travers tribord et s'en sortit indemne.
Enfin arrivait le Northampton, qui dégagea également par le travers tribord, mais sans augmenter sa vitesse : il fut touché par deux torpilles dans la zone de l'espace machine arrière. Il était 23h48.
En onze minutes seulement, la quasi-totalité de la force de croiseurs était anéantie.
Sa mission de ravitaillement ayant échoué, le Tanaka se retira, laissant le Takanami qui coula vers 1h30 du matin.
Du côté américain, la situation était dramatique :
- le Northampton fut bientôt abandonné et coula vers 3h00 du matin.
- Le Minneapolis, le New-Orleans et le Pensacola étaient gravement endommagés. Après une lutte héroïque des équipes de contrôle des dommages, ils purent se trainer par leurs propres moyens jusqu'au port de Tulagi, pour y subir des réparations d'urgence.
Le Pensacola était sérieusement endommagé : la torpille avait causé de tels dégâts à l'arrière que la poupe du croiseur lourd restait à peine attachée au reste du navire et oscillait doucement au gré de la houle. Quelques membrures, un peu de tôle de coque et un arbre d'hélice étaient pratiquement tout ce qui maintenait encore la section arrière au reste du navire. Il put naviguer ainsi jusqu'à Nouméa sur un seul arbre et fut temporairement réparé par le Vestal (l'un des travaux les plus remarquables effectués par ce navire de réparation pendant la campagne) pour retourner à Mare Island pour une reconstruction de six mois.
Les deux autres croiseurs furent " rafistolés " avec une étrave temporaire en acier et en troncs de cocotier et repartirent plus tard par leurs propres moyens à Mare Island pour être reconstruits.
Cette bataille se termina par une nouvelle victoire tactique pour les Japonais : cependant, le ravitaillement de Guadalcanal avait échoué.
Wright reçut une récompense pour sa bravoure et certaines critiques s'adressèrent plus tard à Cole, le commandant de l'escadron de destroyers qui n'avait pas réussi à lancer son attaque à la torpille à temps.
À l'époque, les Américains ne connaissaient pas les caractéristiques exceptionnelles de la torpille japonaise "Long Lance" et n'avaient pas pris en compte la grande infériorité de leurs propres torpilles. De plus, leur artillerie utilisait un type de poudre qui générait des éclairs lors des tirs, révélant immédiatement la position de leurs navires dans l'obscurité.
Cette bataille a suscité une réflexion de l'état-major, qui a rapidement demandé des améliorations sur ces points. L'US Navy en a bénéficié par la suite, notamment lors de la bataille du détroit de Surigao en octobre 1944.
Le diorama:
L'idée de construire un diorama m'est venue en découvrant il y a longtemps les fameuses photos prises le lendemain dans une petite baie de la côte nord-est de Tulagi. Plusieurs d'entre elles sont disponibles sur NavSource, la toujours excellente source d'images de navires de l'USN.
Le Minneapolis est ancré tout près du rivage, sa proue endommagée repliée sous lui.
Il s'est enfoncé d'un bon mètre par l'avant.
Le navire de réparation de sous-marins USS Ortolanest occupé près de la proue. Des ouvriers sous-marins sont en train de la découper.
Voici l'USS Widgeon(ASR-1), le navire de tête de la classe Ortolan avec la même configuration de 1943 que celle que je veux pour mon dio.
Notez la cloche de plongée sur la plage arrière.
Cette proue est toujours là, à environ 19m de profondeur, à l'envers. Les plongeurs sous-marins lui rendent souvent visite :
http://www.michaelmcfadyenscuba.info/viewpage.php?page_id=752
Le croiseur a embarqué beaucoup d'eau : les pompes "crachent" tout autour.
Pour alléger le navire, l'équipage jette du matériel par-dessus bord : projecteurs de la plate-forme centrale, boucliers de canons de 5"...
Enfin, le croiseur a été recouvert de filets de camouflage avec de la végétation de palmiers pour le rendre presque invisible de la reconnaissance aérienne.
Choix des kits :
Le seul kit, en 2008, à l'échelle 1/700 du Minneapolis(Combrig, résine) le montre dans sa forme post-reconstruction de 1943, avec un pont ouvert, et n'était donc plus compatible avec la version de 1942. J'avais besoin d'un kit d'un navire jumeau avec des tourelles plates (la première paire de cette classe avait des tourelles identiques à celles du Northampton parce qu'elles avaient été commandées avant que le projet n'ait été profondément amélioré).
Le seul choix possible était le kit de l'USS Astoria (Combrig).
Depuis le début de mon projet, Trumpeter produisit pratiquement tous les New Orleans en plastique injecté. J'étais trop impliqué dans mon projet et j'ai décidé de continuer avec le kit Combrig, qui est meilleur avec des détails plus fins.
A propos de l'USS Ortolan, une recherche rapide sur NavSource m'a appris qu'il s'agissait d'une version modifiée d'un ancien dragueur de mines de la classe Lapwing de 1918 et, par chance, de la même classe que le célèbre remorqueur de Pearl Harbor, l'USS Vireo.
Je me suis donc procuré le kit Corsair Armada du Vireo et je l'ai facilement modelé à partir des images de Navsource.
" Améliorations " personnalisées " :
J'ai conçu et réalisé mes propres sets de photodécoupe pour les deux vaisseaux.
A propos du Minneapolis : il avait déchargé ses avions deux jours auparavant et je voulais que son hangar ouvert serve d'atelier de réparation temporaire en montrant la structure interne. Le kit Combrig étant un peu court sur ce point, j'ai conçu l'ensemble du hangar à partir des plans officiels du Tuscaloosa (CA 37).
Pièces originales du kit :
Plan du Tuscaloosa :
.. Et ma feuille de photodécoupe personnalisée :
Construction de la carène :
La plus grande partie du travail sur les deux navires était de les transformer en coques complètes. D'après les sites de plongée, l'eau autour de Tulagi est transparente jusqu'à 8-10m et je voulais montrer la proue courbée et plongeante du croiseur.
Pour le Vireo/Ortolan, pas de problème : NavSource montre une photo d'un navire jumeau échoué, l'USS Pigeon. La coque a été réalisée à partir d'un profil longitudinal en PE pris en sandwich entre deux morceaux de blocs de prototypage, le tout poncé à la forme.
Cela donne à l'échelle 1 :700 :
J'ai ajouté les deux ceintures en bois de chaque côté. Elles ont été ajoutées aux dragueurs de mines lorsqu'ils ont été convertis en navires lourds (de réparation) et sont absentes sur le Vireo.
Pour le Minneapolis, j'ai d'abord prévu de faire toute la carène, puis de scier la coque vers la brèche et enfin d'ajouter des tôles "déchirées" autour de celle-ci. De même, il était nécessaire de creuser un grand trou à bâbord au niveau de la chaufferie nr2, puis de combler l'ouverture avec de la tôle écrasée.
Pendant mon travail, j'ai été guidé par ces fantastiques dessins annexés au rapport officiel d'avarie rédigé pour chaque navire et dont je parlerai plus tard.
Pour construire la coque du Minneapolis, voici ma méthode habituelle qui permet une très bonne précision de forme (moins de .05mm) "sans prendre aucune mesure de contrôle".
Tout d'abord, à l'aide d'un logiciel de dessin vectoriel, j'ai "tracé" les couples à partir d'un plan officiel de l'USN.
Ensuite, j'ai scanné la coque du kit pour m'assurer que la coque correspondait parfaitement aux sections. Ici, je suppose que le kit ne suit pas exactement les plans officiels et présente de légères variations de forme et de dimensions. Dans ce cas, il faudra tenir compte du kit, plutôt que de la "vraie forme".
A partir de ce dessin et de cette photo, j'ai conçu et gravé un mini ensemble PE en laiton de .2mm.
Maintenant vient l'assemblage. Tout d'abord, la coque en résine est soigneusement emballée avec du ruban de masquage pour la protéger des violences inattendues...
Je commence par la proue. Les sections en laiton sont collées en place et les intervalles sont remplis avec des tranches de bloc de prototypage, grossièrement coupées un peu plus grandes. J'utilise de la colle cyano.
La planche de prototypage est un matériau en polyuréthane chargé de silice, vendu sous forme de planches de différentes épaisseurs, qui est utilisé pour fabriquer des gabarits de moules professionnels (dans l'industrie automobile et autres).
Il offre toutes les bonnes propriétés du bois tendre, sans les inconvénients (pas de structure fibreuse). Il est extrêmement stable, imperméable et peut être très facilement coupé, scié, sculpté, poncé, poli, peint et collé.
Quelques pas plus loin avec la section 11 :
Détail d'une étape :
Lecture de la dimension de l'intervalle, à remplir par les tranches du tableau :
Traçage des " tranches " sur des planches prédécoupées (j'ai fait un jeu de planches de 2 à 4mm d'épaisseur) :
Découpe grossière :
Et collage.
Ok, c'est parti pour la fin :
Et jusqu'à la fin de la fin :
Un premier ponçage grossier nous donne la forme.
C'est là que réside le grand avantage de cette méthode. Le remplissage de la planche, bien que rigide, est plus souple que les sections en laiton. Je travaille simplement avec un "ponçage à l'aveugle" (c'est-à-dire sans vérifier la forme). Lorsque le papier abrasif entre en contact avec le laiton, cela produit un "bruit de cliquetis" spécifique, ainsi qu'une sensation particulière au bout des doigts. Cela m'avertit qu'il faut arrêter de poncer.
... Et sans aucun contrôle de mesure, j'obtiens une belle coque, à moins de 0,05 mm des dimensions de l'échelle. Whar else?
Maintenant je fais un polissage humide pour révéler la beauté de la coque :
Un peu de mastic Tamiya et un autre polissage final :
URL=https://www.casimages.com/i/6CveSb-Minneapolis-17.jpg.html][/URL]
J'ajoute maintenant les arbres, le gouvernail et les quilles de roulis. Les hélices seront ajoutées plus tard (pièces détachées remodelées d'un Trumpeter USS Baltimore).
La ceinture principale de 5 pouces est ajoutée des deux côtés de la coque.
Une couche d'apprêt à la résine grise pour vérifier à nouveau les défauts...
Peinture de la coque :
J'ai décidé de peindre la coque à ce stade. J'utilise l'aérographe et il était plus facile de peindre d'abord et de faire les dégâts plus tard.
Le masquage est fait en utilisant du Parafilm, mon matériel de masquage préféré.
Le Minneapolis était peint en Navy Blue lorsqu'il a été torpillé. C'est un peu ennuyeux car cette teinte de gris bleu moyennement foncé, lorsqu'elle est utilisée sur une maquette, est trop foncée et masquera presque tout : vous obtenez un "bloc bleu foncé".
La peinture d'origine avait un effet réfléchissant : les photos d'époque montrent souvent une teinte plus claire sous le soleil du Pacifique Sud.
Pour tenter de corriger ce problème, j'ai décidé d'obtenir un effet d'échelle en ajoutant du blanc pour éclaircir la peinture.
Ma " règle de base " préférée (je ne connais pas son origine ni sa signification " scientifique "... je l'ai juste trouvée sur des forums de modélisme il y a des années) est la suivante :
" Ajouter un pourcentage de blanc pur égal à la racine carrée du dénominateur de l'échelle "
Pour l'échelle 1:700, la racine carrée de 700 donne environ 26, j'ai donc ajouté environ 25-26% de blanc pur.
En 2004, j'ai fait l'expérience réelle de l'effet d'échelle en photographiant simultanément quatre plaques pulvérisées avec la même couleur et disposées à des intervalles de 1, 10 et 50 m de mon appareil photo numérique dans des conditions d'ensoleillement à la campagne. En calculant les composantes magenta-cyan-jaune des images, j'ai pu tracer une courbe de tonalité "approximative" et j'ai extrapolé à des échelles plus petites. Cela m'a donné environ 23% avec une marge d'erreur de 5% pour le 1:700, donc je n'ai pas été en deçà de l'autre méthode!
Avant de peindre, j'ai peint les virures de la coque avec du Mr Surfacer 1000.
J'ai masqué la moitié des virures, pulvérisé deux couches d'apprêt, enlevé immédiatement le ruban de masquage et laissé sécher toute la nuit. J'ai terminé par un très léger polissage... et voilà !
Peinture de la coque : Peinture WEM atténuée pour le rouge, mon propre mélange d'acrylique Tamiya pour le Navy Blue. Un gros travail d'altération a suivi (sets de patine Tamiya), le croiseur ayant séjourné dans ces eaux chaudes pendant des mois depuis sa dernière mise en cale sèche.
Masquage avec du Parafilm. Ce film est transparent et permet de voir où la ligne de flottaison doit être tracée au stylo.
Une couche de (WEM) Norfolk anti fouling :
Œuvres mortes : mon mélange acrylique Tamiya de bleu marine avec effet d'échelle.
Peinture :
Faux-col à mazout :
Masquage :
Pour obtenir de vraies coupes parallèles, j'utilise deux lames ajustées l'une à l'autre avec un espacement approprié :
Même chose avec Deck Blue sur... les ponts !
Patine de la coque :
]
Et voilà !
La coque est maintenant prête... à être torpillée !
Maintenant vient le diorama.
J'ai l'habitude de construire tous mes kits à l'échelle 1:700 vissés sur une planche de chêne épaisse de 28 mm avec une " mer " au-dessus.
Cela donne un meilleur aspect, contrebalance la flexion que l'on trouve souvent avec les kits en résine et ajoute de la sécurité lors de la manipulation de ces modèles délicats.
Je voulais garder le même design de "planche épaisse", j'ai donc fabriqué une boîte correspondante en chêne, 32x14x2.8cm.
Elle accueillera une "mer" de 15mm de profondeur en résine transparente, du type de celles utilisées par les modélistes ferroviaires.
Pour ce qui est du rivage, j'ai cherché l'emplacement exact sur des sites de plongée sous-marine, car j'ai appris que l'épave de l'étrave était devenue une cible privilégiée des plongeurs.
J'ai fait un zoom dans Google Earth (par chance, cette zone a été récemment mise à jour à une meilleure résolution) sur cette petite crique, à environ 8 km au sud-est de Port Tulagi, dans les îles Salomon.
Malheureusement pour mon bâtiment, la civilisation s'est développée depuis 1942 : plus de bâtiments, moins de végétation. Je ne garderai que la géométrie du rivage et m'appuierai sur des photos d'époque pour les arbres...
J'ai noté que le site de plongée sous-marine parlait d'un fond vaseux sous la proue avec beaucoup de détritus et de déchets de la seconde guerre mondiale... Je garderai cela pour une utilisation ultérieure lors du détaillage et de la peinture.
Le relief est réalisé avec un mélange de Gesso (apprêt acrylique pour peintre) et de petits graviers (litière de chat - celui de ma sœur- Il était d'accord pour en donner un peu moyennant quelques friandises).
Une fois sec, le rivage a été recouvert d'une autre couche de Gesso, puis encollé et saupoudré avec du flocage de sable et d'herbe.
Le fond marin est maintenant peint en ocre (boue). J'ai utilisé une teinte plus foncée pour accentuer l'effet de profondeur. J'ai utilisé les acryliques Polly scale Concrete et Aged concrete pour un résultat convaincant.
La boîte en bois du diorama a ensuite été remplie de nombreuses couches de résine de cette marque :
http://www.unrealdetails.com/index.php?option=com_content&view=article&id=2&Itemid=2
Après de longs et insatisfaisants essais avec d'autres résines " à l'eau ", j'ai finalement trouvé cette marque qui présente deux énormes avantages :
- Elle durcit en 24 heures par couche, et ne monte donc pas en température (la chaleur endommagerait les modèles).
- Une fois durcie, elle reste un peu élastique, comme du caoutchouc dur : cela évite le rétrécissement visible qui aurait pu faire sortir une telle quantité de résine de la boîte du diorama et aurait compressé et écrasé les modèles inclus.
J'ajoute quelques déchets et détritus ( chûtes de PE) selon le site de plongée sous-marine (voir ci-dessus)
Pour donner un effet de " profondeur " et rendre cette " mer " plus profonde qu'elle ne l'est, les couches de résine (2-3mm chacune) sont d'abord fortement teintées (bleu-vert), puis la quantité de colorant diminue dans la couche suivante, jusqu'aux quatre dernières qui ne sont pas teintées.
Un autre défi consistait à donner l'illusion d'une eau profonde du côté "haute mer" de la boîte du diorama.
J'ai coulé une première couche (fortement colorée avec quelques gouttes d'enamel Humbrol) et j'ai incliné la boîte à 45° pendant la prise, de manière à ce que la couche "masque" le côté en bois.
Ici, la ligne rouge figure la limite prévue de l'eau :
Ce petit "intermède" avant un chapitre plus consistant :
J'ai presque fini de "jardiner" ma jungle de Tulagi.
235 arbres à ce jour (palétuviers, eucalyptus, banyans et cocotiers).
Tous faits sur mesure : troncs photodécoupés et feuillage synthétique (coloré avec des acryliques Gunze).
Les arbres ont une hauteur de 8 à 26 mm.
Végétation :
Le rivage est couvert d'une végétation tropicale dense : mangrove, eucalyptus, palmiers et buissons.
J'ai renoncé à utiliser de vrais bonsaïs... trop grands pour l'échelle, trop d'entretien...
J'ai conçu une autre feuille de photogravure pleine d'arbres. Comme la végétation tropicale n'est pas ma tasse de thé, j'ai copié des silhouettes dans mon logiciel CAD d'après de vrais arbres de Tulagi d'aujourd'hui (trouvés sur internet, bien sûr) :
Après la gravure, j'ai donné plus d'épaisseur aux troncs avec un mélange de colle blanche et de fécule de pomme de terre. Une fois sec, ce mélange rétrécit un peu, créant de minuscules rides qui correspondent parfaitement à la texture du vrai tronc.
Passons maintenant à la peinture brune pour les troncs. J'ai utilisé une légère pulvérisation de Polly Scale "Aged Concrete" :
Séparément, je voulais plus de couleurs pour le feuillage. Je suis partie d'une teinte vert clair. J'ai préparé un mélange de 10% de peinture acrylique (Gunze) et 90% de diluant. J'ai versé de la mousse de flocage, mélangé pour obtenir une couleur uniforme et posé sur du papier absorbant pour éliminer le surplus de diluant. Deux heures de séchage et j'étais prêt pour la suite.
Voici trois teintes : l'originale (à gauche) et deux variantes :
Je suis maintenant prêt à commencer la série (environ 5 minutes pour 10 arbres) :
Les branches sont arrangées pour donner une forme 3D aux arbres, puis la partie supérieure de ceux-ci est trempée dans de la colle blanche et à nouveau dans une boîte remplie de flocage vert :
J'ai conçu mes propres palmiers avec trois anneaux de palmier gravés sur photo et montés sur un tronc en fil de laiton.
Étapes de l'assemblage :
Un peu d'amidon et de colle pour faire les noix de coco... et voilà !
Puis je suis passé de maquettiste à jardinier pour planter tout ça :
La suite prochainement. On revient au Minneapolis pour l'opération "torpillage".
_Bruno
Ce diorama (40 % résine et 60 % scratch) représente le croiseur lourd américain Minneapolis (CA 36, classe New Orleans) au lendemain de la bataille de Tassafaronga, le 30 novembre 1942.
J'ai utilisé le kit en résine Combrig de son sistership, l'USS Astoria et le kit Corsair Armada du remorqueur USS Vireo, modifié pour représenter le Submarine Rescue Ship US Ortolan(ASR-5).
Petite introduction historique
(pour les non connaisseurs de la marine américaine, oui il y en a) :
(Sources : S.E.M. Morison, Wikipedia et WWW)
Le 8 août 1942, les forces expéditionnaires américaines débarquèrent à Guadalcanal et à Tulagi dans les îles Salomon (Pacifique Sud). C'était le début d'une longue campagne de conquête, île après île, de cet archipel, le début d'une reconquête du Pacifique.
Cette longue campagne devait être parsemée d'actions navales nocturnes, courtes mais très violentes, à l'intérieur de ce long détroit qui sépare les deux parties de l'archipel : The Slot
Les Japonais tentaient de ravitailler leurs troupes la nuit à terre et les Américains tentaient d'arrêter "l'Express de Tokyo" presque chaque nuit.
Ces batailles impliquaient principalement des croiseurs et des destroyers (à l'exception de quelques actions de cuirassés). Canons contre torpilles, avec de nombreuses pertes de part et d'autre.
Le détroit fut rapidement surnommé "Ironbottom Sound", le "Détroit au fond de fer" en raison du grand nombre d'épaves. Cette campagne longue et douloureuse a forgé de nombreuses tactiques américaines qui ont profondément transformé l'efficacité de l'US Navy.
L'essentiel des efforts et des pertes a été supporté du côté américain par ces croiseurs d'avant-guerre de construction légère et au blindage mince.
Le 29 novembre 1942, la Task Force 67 reprit la mer pour intercepter le Tokyo Express qui tentait de ravitailler Guadalcanal. La bataille de Tassafaronga, ou "4ème bataille de Savo" (pour les Japonais) ou "bataille de Lunga Point" (dans certains rapports d'époque américains) allait commencer.
Du côté japonais, une force de 8 destroyers (Naganami -navire amiral, amiral Raizo Tanaka-Takanami, Kuroshio, Oyashio, Kagero, Suzukaze, Kawakazeet Makinami) dont six avec une lourde cargaison de ravitaillement (des barils à moitié remplis) destinée à être larguée dans la mer près du rivage. Pour gagner du poids, ces navires n'avaient pas de recharges de torpilles. Pas de radar, mais un excellent entraînement au combat de nuit.
Du côté américain, une force de 5 croiseurs (Minneapolis, New Orleans, Pensacola, Northamptonet Honolulu) et 4 destroyers (Fletcher, Drayton, Mauryet Perkins) sous le commandement du contre-amiral Wright (Minneapolis) qui venait de remplacer l'amiral Kinkaid la veille. Prévenue par les services de renseignement, la Task Force 67 avait quitté Espiritu Santo, à 900 km au sud, le 29 novembre à minuit et filait à 27 nœuds vers le Slot.
Sur le papier, les Américains avaient le radar, l'avantage du nombre et de la puissance. Mais les Japonais avaientt développé de meilleures tactiques de combat nocturne et, surtout, ils disposaient de la torpille "Longue Lance", bien supérieure à celle de leur adversaire.
Cette nuit-là, sans lune, la mer était très calme. Un endroit idéal pour un véritable "combat de chiens dans un tunnel".
Les deux forces entrèrent en contact vers 23 heures, le 30 novembre. Les destroyers japonais détectèrent la colonne américaine à 23h16 et Tanaka suspendit immédiatement l'opération de ravitaillement.
Les Américains n'avaient que le Takanami sur l'écran radar, l'île de Savo masquant le reste de la force, mais l'amiral Wright reteint le feu des croiseurs, pensant ne pas être à la distance optimale. En conséquence, les destroyers américains en tête de colonne dépassèrent la force ennemie et sortirent du meilleur relèvement pour l'attaque à la torpille.
La flotte américaine ouvrit le feu à 23h21, se concentrant sur le destroyer de tête, le Takanami, qui fut rapidement transformé en une épave en flammes par les obus du Minneapolis. Le reste de l'escadre japonaise n'était toujours pas détecté : les destroyers japonais en profitèrent pour prendre de la vitesse et lancer une seule salve de 44 torpilles en direction des éclairs de l'artillerie américaine.
A 23h37, le massacre commença : Le Minneapolis reçut deux torpilles. La première frappa à bâbord juste devant la tourelle A. L'étrave entière, qui ne tienait plus que par la plage avant, s'inclina vers le bas de 70°, provoquant un freinage brutal du croiseur qui était à pleine vitesse et créant la panique derrière, la colonne avançant à 27 nœuds dans l'obscurité sans lune. La seconde torpille toucha à bâbord, à la hauteur de la chaufferie n°2, pulvérisant 3 chaudières du croiseur.
Le New Orleans arrivait ensuite 900m derrière. Une torpille frappa entre les tourelles A et B. La proue fut arrachée sur tribord avec la tourelle A et coula rapidement dans l'obscurité.
Le Pensacola suivait et évita de justesse les deux navires de tête par bâbord, c'est-à-dire en plein dans la trajectoire des torpilles. Il fut touché à bâbord sous le mât arrière, déclenchant un gigantesque feu de mazout, le mât faisant office de torche. Sa coque embarqua environ 3 000 tonnes d'eau (sur un déplacement de 11 000 tonnes).
Juste derrière, le Honolulu eut la chance d'éviter des croiseurs qui passaient par le travers tribord et s'en sortit indemne.
Enfin arrivait le Northampton, qui dégagea également par le travers tribord, mais sans augmenter sa vitesse : il fut touché par deux torpilles dans la zone de l'espace machine arrière. Il était 23h48.
En onze minutes seulement, la quasi-totalité de la force de croiseurs était anéantie.
Sa mission de ravitaillement ayant échoué, le Tanaka se retira, laissant le Takanami qui coula vers 1h30 du matin.
Du côté américain, la situation était dramatique :
- le Northampton fut bientôt abandonné et coula vers 3h00 du matin.
- Le Minneapolis, le New-Orleans et le Pensacola étaient gravement endommagés. Après une lutte héroïque des équipes de contrôle des dommages, ils purent se trainer par leurs propres moyens jusqu'au port de Tulagi, pour y subir des réparations d'urgence.
Le Pensacola était sérieusement endommagé : la torpille avait causé de tels dégâts à l'arrière que la poupe du croiseur lourd restait à peine attachée au reste du navire et oscillait doucement au gré de la houle. Quelques membrures, un peu de tôle de coque et un arbre d'hélice étaient pratiquement tout ce qui maintenait encore la section arrière au reste du navire. Il put naviguer ainsi jusqu'à Nouméa sur un seul arbre et fut temporairement réparé par le Vestal (l'un des travaux les plus remarquables effectués par ce navire de réparation pendant la campagne) pour retourner à Mare Island pour une reconstruction de six mois.
Les deux autres croiseurs furent " rafistolés " avec une étrave temporaire en acier et en troncs de cocotier et repartirent plus tard par leurs propres moyens à Mare Island pour être reconstruits.
Cette bataille se termina par une nouvelle victoire tactique pour les Japonais : cependant, le ravitaillement de Guadalcanal avait échoué.
Wright reçut une récompense pour sa bravoure et certaines critiques s'adressèrent plus tard à Cole, le commandant de l'escadron de destroyers qui n'avait pas réussi à lancer son attaque à la torpille à temps.
À l'époque, les Américains ne connaissaient pas les caractéristiques exceptionnelles de la torpille japonaise "Long Lance" et n'avaient pas pris en compte la grande infériorité de leurs propres torpilles. De plus, leur artillerie utilisait un type de poudre qui générait des éclairs lors des tirs, révélant immédiatement la position de leurs navires dans l'obscurité.
Cette bataille a suscité une réflexion de l'état-major, qui a rapidement demandé des améliorations sur ces points. L'US Navy en a bénéficié par la suite, notamment lors de la bataille du détroit de Surigao en octobre 1944.
Le diorama:
L'idée de construire un diorama m'est venue en découvrant il y a longtemps les fameuses photos prises le lendemain dans une petite baie de la côte nord-est de Tulagi. Plusieurs d'entre elles sont disponibles sur NavSource, la toujours excellente source d'images de navires de l'USN.
Le Minneapolis est ancré tout près du rivage, sa proue endommagée repliée sous lui.
Il s'est enfoncé d'un bon mètre par l'avant.
Le navire de réparation de sous-marins USS Ortolanest occupé près de la proue. Des ouvriers sous-marins sont en train de la découper.
Voici l'USS Widgeon(ASR-1), le navire de tête de la classe Ortolan avec la même configuration de 1943 que celle que je veux pour mon dio.
Notez la cloche de plongée sur la plage arrière.
Cette proue est toujours là, à environ 19m de profondeur, à l'envers. Les plongeurs sous-marins lui rendent souvent visite :
http://www.michaelmcfadyenscuba.info/viewpage.php?page_id=752
Le croiseur a embarqué beaucoup d'eau : les pompes "crachent" tout autour.
Pour alléger le navire, l'équipage jette du matériel par-dessus bord : projecteurs de la plate-forme centrale, boucliers de canons de 5"...
Enfin, le croiseur a été recouvert de filets de camouflage avec de la végétation de palmiers pour le rendre presque invisible de la reconnaissance aérienne.
Choix des kits :
Le seul kit, en 2008, à l'échelle 1/700 du Minneapolis(Combrig, résine) le montre dans sa forme post-reconstruction de 1943, avec un pont ouvert, et n'était donc plus compatible avec la version de 1942. J'avais besoin d'un kit d'un navire jumeau avec des tourelles plates (la première paire de cette classe avait des tourelles identiques à celles du Northampton parce qu'elles avaient été commandées avant que le projet n'ait été profondément amélioré).
Le seul choix possible était le kit de l'USS Astoria (Combrig).
Depuis le début de mon projet, Trumpeter produisit pratiquement tous les New Orleans en plastique injecté. J'étais trop impliqué dans mon projet et j'ai décidé de continuer avec le kit Combrig, qui est meilleur avec des détails plus fins.
A propos de l'USS Ortolan, une recherche rapide sur NavSource m'a appris qu'il s'agissait d'une version modifiée d'un ancien dragueur de mines de la classe Lapwing de 1918 et, par chance, de la même classe que le célèbre remorqueur de Pearl Harbor, l'USS Vireo.
Je me suis donc procuré le kit Corsair Armada du Vireo et je l'ai facilement modelé à partir des images de Navsource.
" Améliorations " personnalisées " :
J'ai conçu et réalisé mes propres sets de photodécoupe pour les deux vaisseaux.
A propos du Minneapolis : il avait déchargé ses avions deux jours auparavant et je voulais que son hangar ouvert serve d'atelier de réparation temporaire en montrant la structure interne. Le kit Combrig étant un peu court sur ce point, j'ai conçu l'ensemble du hangar à partir des plans officiels du Tuscaloosa (CA 37).
Pièces originales du kit :
Plan du Tuscaloosa :
.. Et ma feuille de photodécoupe personnalisée :
Construction de la carène :
La plus grande partie du travail sur les deux navires était de les transformer en coques complètes. D'après les sites de plongée, l'eau autour de Tulagi est transparente jusqu'à 8-10m et je voulais montrer la proue courbée et plongeante du croiseur.
Pour le Vireo/Ortolan, pas de problème : NavSource montre une photo d'un navire jumeau échoué, l'USS Pigeon. La coque a été réalisée à partir d'un profil longitudinal en PE pris en sandwich entre deux morceaux de blocs de prototypage, le tout poncé à la forme.
Cela donne à l'échelle 1 :700 :
J'ai ajouté les deux ceintures en bois de chaque côté. Elles ont été ajoutées aux dragueurs de mines lorsqu'ils ont été convertis en navires lourds (de réparation) et sont absentes sur le Vireo.
Pour le Minneapolis, j'ai d'abord prévu de faire toute la carène, puis de scier la coque vers la brèche et enfin d'ajouter des tôles "déchirées" autour de celle-ci. De même, il était nécessaire de creuser un grand trou à bâbord au niveau de la chaufferie nr2, puis de combler l'ouverture avec de la tôle écrasée.
Pendant mon travail, j'ai été guidé par ces fantastiques dessins annexés au rapport officiel d'avarie rédigé pour chaque navire et dont je parlerai plus tard.
Pour construire la coque du Minneapolis, voici ma méthode habituelle qui permet une très bonne précision de forme (moins de .05mm) "sans prendre aucune mesure de contrôle".
Tout d'abord, à l'aide d'un logiciel de dessin vectoriel, j'ai "tracé" les couples à partir d'un plan officiel de l'USN.
Ensuite, j'ai scanné la coque du kit pour m'assurer que la coque correspondait parfaitement aux sections. Ici, je suppose que le kit ne suit pas exactement les plans officiels et présente de légères variations de forme et de dimensions. Dans ce cas, il faudra tenir compte du kit, plutôt que de la "vraie forme".
A partir de ce dessin et de cette photo, j'ai conçu et gravé un mini ensemble PE en laiton de .2mm.
Maintenant vient l'assemblage. Tout d'abord, la coque en résine est soigneusement emballée avec du ruban de masquage pour la protéger des violences inattendues...
Je commence par la proue. Les sections en laiton sont collées en place et les intervalles sont remplis avec des tranches de bloc de prototypage, grossièrement coupées un peu plus grandes. J'utilise de la colle cyano.
La planche de prototypage est un matériau en polyuréthane chargé de silice, vendu sous forme de planches de différentes épaisseurs, qui est utilisé pour fabriquer des gabarits de moules professionnels (dans l'industrie automobile et autres).
Il offre toutes les bonnes propriétés du bois tendre, sans les inconvénients (pas de structure fibreuse). Il est extrêmement stable, imperméable et peut être très facilement coupé, scié, sculpté, poncé, poli, peint et collé.
Quelques pas plus loin avec la section 11 :
Détail d'une étape :
Lecture de la dimension de l'intervalle, à remplir par les tranches du tableau :
Traçage des " tranches " sur des planches prédécoupées (j'ai fait un jeu de planches de 2 à 4mm d'épaisseur) :
Découpe grossière :
Et collage.
Ok, c'est parti pour la fin :
Et jusqu'à la fin de la fin :
Un premier ponçage grossier nous donne la forme.
C'est là que réside le grand avantage de cette méthode. Le remplissage de la planche, bien que rigide, est plus souple que les sections en laiton. Je travaille simplement avec un "ponçage à l'aveugle" (c'est-à-dire sans vérifier la forme). Lorsque le papier abrasif entre en contact avec le laiton, cela produit un "bruit de cliquetis" spécifique, ainsi qu'une sensation particulière au bout des doigts. Cela m'avertit qu'il faut arrêter de poncer.
... Et sans aucun contrôle de mesure, j'obtiens une belle coque, à moins de 0,05 mm des dimensions de l'échelle. Whar else?
Maintenant je fais un polissage humide pour révéler la beauté de la coque :
Un peu de mastic Tamiya et un autre polissage final :
URL=https://www.casimages.com/i/6CveSb-Minneapolis-17.jpg.html][/URL]
J'ajoute maintenant les arbres, le gouvernail et les quilles de roulis. Les hélices seront ajoutées plus tard (pièces détachées remodelées d'un Trumpeter USS Baltimore).
La ceinture principale de 5 pouces est ajoutée des deux côtés de la coque.
Une couche d'apprêt à la résine grise pour vérifier à nouveau les défauts...
Peinture de la coque :
J'ai décidé de peindre la coque à ce stade. J'utilise l'aérographe et il était plus facile de peindre d'abord et de faire les dégâts plus tard.
Le masquage est fait en utilisant du Parafilm, mon matériel de masquage préféré.
Le Minneapolis était peint en Navy Blue lorsqu'il a été torpillé. C'est un peu ennuyeux car cette teinte de gris bleu moyennement foncé, lorsqu'elle est utilisée sur une maquette, est trop foncée et masquera presque tout : vous obtenez un "bloc bleu foncé".
La peinture d'origine avait un effet réfléchissant : les photos d'époque montrent souvent une teinte plus claire sous le soleil du Pacifique Sud.
Pour tenter de corriger ce problème, j'ai décidé d'obtenir un effet d'échelle en ajoutant du blanc pour éclaircir la peinture.
Ma " règle de base " préférée (je ne connais pas son origine ni sa signification " scientifique "... je l'ai juste trouvée sur des forums de modélisme il y a des années) est la suivante :
" Ajouter un pourcentage de blanc pur égal à la racine carrée du dénominateur de l'échelle "
Pour l'échelle 1:700, la racine carrée de 700 donne environ 26, j'ai donc ajouté environ 25-26% de blanc pur.
En 2004, j'ai fait l'expérience réelle de l'effet d'échelle en photographiant simultanément quatre plaques pulvérisées avec la même couleur et disposées à des intervalles de 1, 10 et 50 m de mon appareil photo numérique dans des conditions d'ensoleillement à la campagne. En calculant les composantes magenta-cyan-jaune des images, j'ai pu tracer une courbe de tonalité "approximative" et j'ai extrapolé à des échelles plus petites. Cela m'a donné environ 23% avec une marge d'erreur de 5% pour le 1:700, donc je n'ai pas été en deçà de l'autre méthode!
Avant de peindre, j'ai peint les virures de la coque avec du Mr Surfacer 1000.
J'ai masqué la moitié des virures, pulvérisé deux couches d'apprêt, enlevé immédiatement le ruban de masquage et laissé sécher toute la nuit. J'ai terminé par un très léger polissage... et voilà !
Peinture de la coque : Peinture WEM atténuée pour le rouge, mon propre mélange d'acrylique Tamiya pour le Navy Blue. Un gros travail d'altération a suivi (sets de patine Tamiya), le croiseur ayant séjourné dans ces eaux chaudes pendant des mois depuis sa dernière mise en cale sèche.
Masquage avec du Parafilm. Ce film est transparent et permet de voir où la ligne de flottaison doit être tracée au stylo.
Une couche de (WEM) Norfolk anti fouling :
Œuvres mortes : mon mélange acrylique Tamiya de bleu marine avec effet d'échelle.
Peinture :
Faux-col à mazout :
Masquage :
Pour obtenir de vraies coupes parallèles, j'utilise deux lames ajustées l'une à l'autre avec un espacement approprié :
Même chose avec Deck Blue sur... les ponts !
Patine de la coque :
]
Et voilà !
La coque est maintenant prête... à être torpillée !
Maintenant vient le diorama.
J'ai l'habitude de construire tous mes kits à l'échelle 1:700 vissés sur une planche de chêne épaisse de 28 mm avec une " mer " au-dessus.
Cela donne un meilleur aspect, contrebalance la flexion que l'on trouve souvent avec les kits en résine et ajoute de la sécurité lors de la manipulation de ces modèles délicats.
Je voulais garder le même design de "planche épaisse", j'ai donc fabriqué une boîte correspondante en chêne, 32x14x2.8cm.
Elle accueillera une "mer" de 15mm de profondeur en résine transparente, du type de celles utilisées par les modélistes ferroviaires.
Pour ce qui est du rivage, j'ai cherché l'emplacement exact sur des sites de plongée sous-marine, car j'ai appris que l'épave de l'étrave était devenue une cible privilégiée des plongeurs.
J'ai fait un zoom dans Google Earth (par chance, cette zone a été récemment mise à jour à une meilleure résolution) sur cette petite crique, à environ 8 km au sud-est de Port Tulagi, dans les îles Salomon.
Malheureusement pour mon bâtiment, la civilisation s'est développée depuis 1942 : plus de bâtiments, moins de végétation. Je ne garderai que la géométrie du rivage et m'appuierai sur des photos d'époque pour les arbres...
J'ai noté que le site de plongée sous-marine parlait d'un fond vaseux sous la proue avec beaucoup de détritus et de déchets de la seconde guerre mondiale... Je garderai cela pour une utilisation ultérieure lors du détaillage et de la peinture.
Le relief est réalisé avec un mélange de Gesso (apprêt acrylique pour peintre) et de petits graviers (litière de chat - celui de ma sœur- Il était d'accord pour en donner un peu moyennant quelques friandises).
Une fois sec, le rivage a été recouvert d'une autre couche de Gesso, puis encollé et saupoudré avec du flocage de sable et d'herbe.
Le fond marin est maintenant peint en ocre (boue). J'ai utilisé une teinte plus foncée pour accentuer l'effet de profondeur. J'ai utilisé les acryliques Polly scale Concrete et Aged concrete pour un résultat convaincant.
La boîte en bois du diorama a ensuite été remplie de nombreuses couches de résine de cette marque :
http://www.unrealdetails.com/index.php?option=com_content&view=article&id=2&Itemid=2
Après de longs et insatisfaisants essais avec d'autres résines " à l'eau ", j'ai finalement trouvé cette marque qui présente deux énormes avantages :
- Elle durcit en 24 heures par couche, et ne monte donc pas en température (la chaleur endommagerait les modèles).
- Une fois durcie, elle reste un peu élastique, comme du caoutchouc dur : cela évite le rétrécissement visible qui aurait pu faire sortir une telle quantité de résine de la boîte du diorama et aurait compressé et écrasé les modèles inclus.
J'ajoute quelques déchets et détritus ( chûtes de PE) selon le site de plongée sous-marine (voir ci-dessus)
Pour donner un effet de " profondeur " et rendre cette " mer " plus profonde qu'elle ne l'est, les couches de résine (2-3mm chacune) sont d'abord fortement teintées (bleu-vert), puis la quantité de colorant diminue dans la couche suivante, jusqu'aux quatre dernières qui ne sont pas teintées.
Un autre défi consistait à donner l'illusion d'une eau profonde du côté "haute mer" de la boîte du diorama.
J'ai coulé une première couche (fortement colorée avec quelques gouttes d'enamel Humbrol) et j'ai incliné la boîte à 45° pendant la prise, de manière à ce que la couche "masque" le côté en bois.
Ici, la ligne rouge figure la limite prévue de l'eau :
Ce petit "intermède" avant un chapitre plus consistant :
J'ai presque fini de "jardiner" ma jungle de Tulagi.
235 arbres à ce jour (palétuviers, eucalyptus, banyans et cocotiers).
Tous faits sur mesure : troncs photodécoupés et feuillage synthétique (coloré avec des acryliques Gunze).
Les arbres ont une hauteur de 8 à 26 mm.
Végétation :
Le rivage est couvert d'une végétation tropicale dense : mangrove, eucalyptus, palmiers et buissons.
J'ai renoncé à utiliser de vrais bonsaïs... trop grands pour l'échelle, trop d'entretien...
J'ai conçu une autre feuille de photogravure pleine d'arbres. Comme la végétation tropicale n'est pas ma tasse de thé, j'ai copié des silhouettes dans mon logiciel CAD d'après de vrais arbres de Tulagi d'aujourd'hui (trouvés sur internet, bien sûr) :
Après la gravure, j'ai donné plus d'épaisseur aux troncs avec un mélange de colle blanche et de fécule de pomme de terre. Une fois sec, ce mélange rétrécit un peu, créant de minuscules rides qui correspondent parfaitement à la texture du vrai tronc.
Passons maintenant à la peinture brune pour les troncs. J'ai utilisé une légère pulvérisation de Polly Scale "Aged Concrete" :
Séparément, je voulais plus de couleurs pour le feuillage. Je suis partie d'une teinte vert clair. J'ai préparé un mélange de 10% de peinture acrylique (Gunze) et 90% de diluant. J'ai versé de la mousse de flocage, mélangé pour obtenir une couleur uniforme et posé sur du papier absorbant pour éliminer le surplus de diluant. Deux heures de séchage et j'étais prêt pour la suite.
Voici trois teintes : l'originale (à gauche) et deux variantes :
Je suis maintenant prêt à commencer la série (environ 5 minutes pour 10 arbres) :
Les branches sont arrangées pour donner une forme 3D aux arbres, puis la partie supérieure de ceux-ci est trempée dans de la colle blanche et à nouveau dans une boîte remplie de flocage vert :
J'ai conçu mes propres palmiers avec trois anneaux de palmier gravés sur photo et montés sur un tronc en fil de laiton.
Étapes de l'assemblage :
Un peu d'amidon et de colle pour faire les noix de coco... et voilà !
Puis je suis passé de maquettiste à jardinier pour planter tout ça :
La suite prochainement. On revient au Minneapolis pour l'opération "torpillage".
_Bruno